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| L'oubli de glace | |
| | Auteur | Message |
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Eliawe Créatrice
Nombre de messages : 99 Age : 32 Art(s) pratiqué(s) : Poésie, écriture, photographie Date d'inscription : 07/03/2007
| Sujet: L'oubli de glace Ven 8 Juin - 5:08 | |
| Voilà, je vous présente le premier chapitre d'un texte dont je ne sais encore la taille qu'il fera au final. J'attend vos avis pour m'améliorer, sachant que j'ai déjà écrit 4chapitres (très courts) et commencé le 5ème, donc que je ne pourrai modifier qu'après.
C’était une froide nuit d’hiver, l’une de ces nuits ou le temps semble s’être arrêté, figé par la glace. L’une de ces nuits ou les étoiles se cachent derrière les nuages. L’une de ces nuits ou l’éclat argenté de la lune refuse d’atteindre le sol enneigé et gelé. L’une de ces nuits ou le vent lui-même s’est tu, laissant place au silence angoissant des flocons cotonneux recouvrant peu à peu la terre d’un épais tapis blanc. Il n’y avait rien que Gaïa et l’obscurité, semblait-il, cette nuit là. Tous les êtres vivants étaient figés avec le temps, les rêves eux-mêmes semblaient endormis. Seuls les étoiles de givres tombants encore au sol rappelaient que malgré les apparences, le temps continuait sa course infinie. Pourtant, assise au pied d’un arbre, recroquevillée sur elle-même, se trouvait une petite créature meurtrie par le froid. Elle avait replié ses genoux contre son corps et entouré ceux-ci de ses bras pour tenter en vain de se réchauffer. L’air glacial de la nuit lui donnait du mal à respirer, son souffle se transformait en une fine brume dès lors qu’il franchissait ses lèvres bleuies. Elle avait du pleurer, des larmes gelées sur ses joues formaient comme de petits diamants de glaces. Ses longs cheveux noirs contrastaient avec la pâleur extrême de sa peau de manière frappante. Ses yeux gris semblaient supplier quelqu’un ou quelque chose de lui venir en aide. Elle avait peur, elle ne voulait pas mourir. Mais elle était nue, seule et trop faible pour se lever ou crier. Le peu de chaleur qui lui restait encore lui échappait comme poussière au vent. Elle voulu hurler, ou du moins parler, mais elle constata avec horreur que ses lèvres étaient désormais collées par le gel. La dernière lueur d’espoir qui lui restait s’éteint alors, ses yeux devinrent d’un gris terne. Elle avait compris qu’il ne servait plus à rien de prier, de supplier ou de pleurer. Personne ne pourrait la voir ni l’entendre. Elle était seule, face à sa mort qui se rapprochait, rien ne pourrait la sauver cette fois-ci. Elle se préparait à mourir… Mais chaque flocon de neige brûlant sa peau nue lui rappelait qu’elle était encore en vie. La cruelle morsure du froid la torturait, la lacérait de son fouet invisible. Ses poumons la brûlaient atrocement, l’hiver enfonçait dans chaque centimètre carré de son corps ses épines glaciales. Son sang lui semblait s’être figé dans ses veines. Dans un dernier éclat d’espoir, elle mit toutes ses forces et parvint à décoller ses lèvres, mais aucun son n’en sortit, malgré ses efforts désespérés. La bouche toujours entrouverte, elle tomba, sans se défaire de sa position fœtale, sur la neige si douce et pourtant si mortelle… Cette même neige qu’elle avait tant admirée allait la tuer. Cette neige qu’elle avait trouvée si belle, si attirante, envoûtante… Et qui cette nuit était tellement cruelle… La beauté n’est qu’illusion, un mirage cachant la cruauté, la traîtrise. Elle s’était faite prendre au piège de l’hiver, avec sa neige si douce, sa neige si belle. Comment était-il possible que si magnifique chose puisse faire autant de souffrance ? Elle ferma les yeux, sa respiration ralentit peu à peu tandis que la douleur se faisait de plus en plus faible… Avant de disparaître. | |
| | | Allude Timide
Nombre de messages : 63 Age : 37 Art(s) pratiqué(s) : Dessin, écriture, musique à l'occasion Date d'inscription : 20/04/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Ven 8 Juin - 5:42 | |
| Super joli, court, simple, fluide Et très poétique, un peu de philosophie et une graine de sentiments Quelle recette J'espère lire la suite | |
| | | lorénnia Muet
Nombre de messages : 49 Age : 37 Art(s) pratiqué(s) : dessin Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Ven 8 Juin - 5:56 | |
| je le trouve trés joli ! ce texte est magnifique ! | |
| | | Eliawe Créatrice
Nombre de messages : 99 Age : 32 Art(s) pratiqué(s) : Poésie, écriture, photographie Date d'inscription : 07/03/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Ven 8 Juin - 7:50 | |
| Merci à vous Voici la suite. « Elle ne se réveillera pas, annonça une voix grave, dénuée d’émotions. - Oh ! Je vous en prie, essayez encore ! murmura une autre voix, plus fluette, apeurée. - Elle ne se réveillera pas. - Je vous en supplie… »
Il faisait sombre, pourtant la lumière semblait briller quelque part dans l’obscurité. Elle n’avait plus mal, elle n’avait plus froid. Elle n’avait d’ailleurs plus rien, aucune sensation, si ce n’était celle de flotter dans un immense vide de ténèbres, sans savoir comment se diriger ni ou aller. La lumière l’attirait, elle était partout. Et nulle part à la fois. L’être qui flottait tendit la main vers les ténèbres, vers la lumière. Elle n’avait pas de main. Elle voulu hurler, mais elle ne le pu. Elle n’avait pas de corps, elle avait perdu son corps. Elle n’était plus qu’une âme à la dérive entre lumière et obscurité. Cependant, ou était la lumière et ou était l’obscurité, elle n’en savait rien. Elle ne savait comment chercher, elle ne voyait pas, elle ressentait juste. La lumière était les ténèbres mêmes, si ce n’était pas le contraire. Soudain, quelque chose voulu l’enfermer dans ce qui n’était ni lumière ni ténèbres. Mais la chose en question ne parvint pas à la faire prisonnière, l’âme lui glissa entre les doigts pour se remettre à flotter paisiblement. Mais la chose revint à l’assaut, essayant encore de l’arracher à la lumière. Et aux ténèbres. Elle réussi presque son attaque cette fois-ci. Une intense douleur traversa le corps sans vie de la jeune fille, lui déchirant l’âme et lui arrachant un cri de souffrance rauque et perçant. De nouveau, ce fut le vide. Mais il était désormais agité et semblait la repousser. Les ténèbres ne voulaient pas d’elle, la lumière non plus. Le vide souhaitait lui aussi l’enfermer dans cet ailleurs qui n’était rien. Elle essaya de résister sans toutefois savoir comment s’y prendre. Une douleur la transperça de nouveau, elle vit ce corps sur la neige, agonisant. TON corps ! Une voix avait hurlé ceci à son intention. Ce n’était pas une voix, c’était plutôt simplement un cri qu’elle avait ressentit sans l’entendre au sens propre du terme. Elle ne comprenait pas le sens de ce cri, il la transperçait de part en part, semblant vouloir lui dire quelque chose qu’elle ne parvenait pas à saisir. Elle percevait des sensations émanant de ce cri, des sensations étranges. Comme si elle était rattachée à quelque chose. Mais elle était libre, elle flottait. La douleur avait cessé, mais elle était toujours repoussée par le vide. Une larme coulait sur le visage d’une jeune fille blême. TES larmes ! La souffrance la submergea, elle ne flottait plus désormais. Un flot continu d’images se déversait dans son esprit, elle ne les comprenait pas. Une étoile blanche entre les longs doigts d’une fine main, un corps déchiré par la morsure des pierres, une chaleur étouffante, une étendue blanche magnifique… Tout était confus, mélangé en une immense toile aux couleurs trop vives. Chaque image semblait vouloir lui dire quelque chose, mais tout se bousculait trop pour qu’elle puisse saisir une once de sens à tout cela. La douleur se fit plus intense encore, à mesure qu’elle sentait qu’on l’enfermait, qu’on l’arrachait totalement à ce vide apaisant. Elle se débattit face à cette force invisible, mais elle ne savait où était le vide. Il avait disparu. Ni lumière, ni ténèbres. Juste de la souffrance de plus en plus vive. Le corps de la jeune fille était agité de convulsions incontrôlables, comme possédée par un démon qui essayerait d’en sortir. Prise au piège, elle finit par abandonner la lutte. Elle se sentait faible et impuissante, trop à l’étroit. Matérielle. Sa prison était matérielle, faite de chair et de sang. Elle… Sa prison était elle. Cette pensée la traversa, mais elle se refusa à la croire. Elle n’était pas elle, elle c’était cette âme qui flottait peu avant, elle c’était la liberté, pas ces chaînes qui la rattachait à un corps qui n’était pas le sien, à une vie qui ne lui appartenait pas. Il était impossible que ce soit elle, on l’avait mise dans quelqu’un d’autre. Comment pouvait-elle se sentir aussi mal à l’aise si c’était vraiment en elle qu’elle était enfermée ? La pensée qu’elle était quelqu’un d’autre la répugnait au plus haut point. Si elle était quelqu’un d’autre, ce quelqu’un d’autre avait-il prit sa place dans le vide ? Les cris ressentis plus tôt résonnaient encore en elle, gagnant toujours plus en intensité et en persuasion. « Non, pensa-t-elle. Ce n’est pas moi ! Ce n’est pas moi ! » Cette vie n’était pas à elle, il lui fallait la rendre. Mais était-elle vraiment en vie ? Qu’était la vie ? Elle n’en savait rien, ce mot lui était venu naturellement. Vie… Mais elle ne connaissait pas sa signification. La vie, était-ce cette prison de douleur dans laquelle elle était enfermée ? Elle aurait voulu regagner les ténèbres lumineuses, la liberté. Elle ne flottait plus, elle s’enfonçait, elle se noyait. Elle suffoquait et personne ne lui venait en aide, elle ne savait comment demander du secours. Parmi les images qui défilaient toujours en son esprit confus, l’une revenait de plus en plus souvent avec chaque fois plus de netteté. Elle parvint à la saisir un court instant, à la stabiliser et à la détacher du reste. Un visage fin et plus pâle que le plus beau des nuages encadrés par de longues mèches argentées. Un corps tout aussi pâle que ce visage, maigre et pourtant si beau. Les lèvres même étaient blanches, en revanche, les yeux contrastaient avec le reste de l’être magnifique. Des yeux d’or mêlés de vert reflétant une tristesse qui semblait infinie… La beauté personnifiée, toute la grâce du monde contenue en un seul et unique être. Elle aurait voulu garder cette image apaisante, si belle. Mais le mirage s’effaçait peu à peu tandis qu’elle tentait en vain de l’attraper. Jusqu'à disparaître complètement pour se mélanger de nouveau parmi les autres images et couleurs qui déferlaient dans son esprit. | |
| | | Ashes Modérartiste
Nombre de messages : 102 Age : 36 Art(s) pratiqué(s) : écriture, photographie, dessin... Date d'inscription : 07/03/2007
| | | | Allude Timide
Nombre de messages : 63 Age : 37 Art(s) pratiqué(s) : Dessin, écriture, musique à l'occasion Date d'inscription : 20/04/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Lun 11 Juin - 10:38 | |
| La juxtaposition des mots et des sensations fait qu'on est plongé direct au milieu du récit Accrocheur Prenant Plaisant Et qui attire la curiosité La suite!!!! la suite !!!! | |
| | | Eliawe Créatrice
Nombre de messages : 99 Age : 32 Art(s) pratiqué(s) : Poésie, écriture, photographie Date d'inscription : 07/03/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Sam 16 Juin - 0:58 | |
| Merci beaucoup. Une frêle silhouette tremblante s’approchait d’elle, se découpant parfaitement dans la froide lumière de la lune. La silhouette s’arrêta, hésitante. Elle semblait pouvoir s’éparpiller au moindre coup de vent, pourtant il se dégageait d’elle une assurance redoutable. C’était un étrange contraste que Lyù avait sous les yeux. Un mélange de faiblesse et d’immense force. Le ciel était du bleu sombre et pur des nuits d’été sans nuages. Le silence était total. Peut-être un peu trop pour être réel. Lyù savait que quelque chose n’allait pas, mais elle ne parvenait pas à trouver ce qu’il manquait à ce silence. Car un silence ne peut jamais être total, du moins, il est impossible de l’entendre lorsqu’il est complet. Or cette fois, il était là, dans toute sa splendeur. Un silence magnifique et inspiré de la perfection même. La silhouette avait profité de l’instant de réflexion de Lyù pour s’enfuir. Elle était désormais seule avec ce silence pesant, irréel. La réalité semblait absente de ce lieu, de ce temps… magique… Elle eu beau se tourner dans toutes les directions, l’étrange être était partit, lui laissant une désagréable sensation d’abandon. Elle ouvrit les lèvres, pour tenter de l’appeler, mais elle se retint. Le silence ne devait être brisé, elle en avait la conviction, sans qu’elle ne susse vraiment pourquoi. Alors elle se tut et ferma les yeux. L’air était pur et frais, pourtant, elle ne respirait pas. Cette pensée l’affola, elle ouvrit brusquement les paupières et hurla…
Lyù pleurait, couverte de sueur, encore apeurée. Elle respirait de nouveau, de manière saccadée, comme si elle avait couru durant des heures. Mais elle n’avait pas bougé, elle était simplement là, assise sur son lit, le drap découvrant le haut de son corps pâle et nu. Elle s’en aperçu et se couvrit immédiatement les épaules, plus par réflexe que par véritable nécessité. Elle n’avait pas froid et elle se trouvait seule dans la pièce, mais le contact du tissu sur sa peau la rassurait quelque peu. Une fois qu’elle eut reprit un rythme respiratoire plus normal, elle tendit l’oreille. Le silence avait disparu, remplacé par un autre silence, plus naturel. Un silence qu’elle était en mesure d’accepter. « J’ai rêvé, se dit-elle. Simplement rêvé. » Mais elle ne parvenait pas à s’en convaincre. L’expérience avait été trop réelle pour être un rêve sans toutefois l’être assez pour être une réalité. Elle frissonna. Elle n’osait plus s’allonger ni même fermer les yeux, de peur que le silence revienne. Une douce musique la berçait, produite par son esprit, elle se refusait à la perdre, elle s’y accrochait comme on s’accroche à une branche qui dérive avec nous. Mais cette musique n’était pas la sienne, c’était la musique de l’ange, de celui qui venait la hanter, inlassablement, l’être taillé dans la pureté. Il ne pouvait qu’être un ange, seuls les êtres supérieur peuvent dégager pareille beauté, sans autres atours qu’eux même, sans parures. Alors elle conservait jalousement la musique silencieuse, l’opéra muet et magnifique. Le temps passait, s’étirant à l’infini, et Lyù ne bougeait pas, assise seule sur son lit, le drap enveloppant ses épaules, le regard fixé dans le vide en face d’elle. Le froid s’engouffrait progressivement en elle, agrippant chaque parcelle de sa peau de ses griffes acérées avant de pénétrer à l’intérieur de son corps. Un frisson la parcouru, une caresse glaciale. Finalement, elle se résolu à bouger, le silence s’était tu. Et l’ange envolé. Elle aurait voulu pleurer, pleurer encore une fois, mais les larmes restaient prisonnières de ses yeux, brûlantes à la lisière de ses cils. Un long soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Une brusque sensation de malaise s’empara d’elle, le monde se mit de nouveau à tourner, à la rendre malade. Elle devait fuir, elle ne savait pourquoi mais cette conviction l’animait. Cette chambre, ce lit, tout dans cette pièce la répugnait, la poussait à partir loin, le plus loin possible de ce lieu atroce ou la folie guettait chaque instant d’inattention, s’insinuait lentement en elle, tel un poison la tuant de manière lente mais certaine. Les traits de son visage se crispèrent en une grimace de souffrance avant de reprendre leur aspect lisse et innocent, comme si de rien n’était. Seuls ses yeux trahissaient désormais sa peur, cette terreur qui la dévorait d’un feu glacial à l’intérieur de son être. La tête lui tournait, comme prise dans une tempête au cœur des eaux noires de l’océan. Elle suffoquait, l’air entrant cependant dans ses poumons. Chaque inspiration la brûlait atrocement, mais elle semblait ne pas s’en soucier. Elle ferma les paupières un court instant en remuant silencieusement les lèvres, de peur de briser la musique qui la berçait encore. Cependant son malaise grandissait, chaque seconde passée dans cette pièce la rapprochait de la folie. Elle entamait déjà ce long voyage sans retour sur la mince passerelle conduisant vers la démence, sa perte. Elle sentait son esprit s’enfuir, s’égarer un peu plus qu’il ne l’était déjà. Soudainement elle brisa le silence de sa musique d’un hurlement rauque, celui d’un animal prit au piège et tentant par tous les moyens de s’en échapper mais sachant la tâche impossible. Son cri résonnait dans la pièce et au dehors sans que personne d’autre qu’elle-même n’entende sa détresse. Lyù était seule, livrée à elle-même. Mais elle ne pouvait s’occuper d’elle en ignorant tout de sa propre personne et du monde en général. Une question la hantait, elle percevait cette interrogation sans parvenir à en déchiffrer véritablement le sens. Elle n’était plus certaine que d’une chose : elle devait retrouver l’ange.
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| | | Ashes Modérartiste
Nombre de messages : 102 Age : 36 Art(s) pratiqué(s) : écriture, photographie, dessin... Date d'inscription : 07/03/2007
| | | | Eliawe Créatrice
Nombre de messages : 99 Age : 32 Art(s) pratiqué(s) : Poésie, écriture, photographie Date d'inscription : 07/03/2007
| Sujet: Re: L'oubli de glace Lun 18 Juin - 1:35 | |
| Merci. Et désolée aussi. | |
| | | Ashes Modérartiste
Nombre de messages : 102 Age : 36 Art(s) pratiqué(s) : écriture, photographie, dessin... Date d'inscription : 07/03/2007
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| Sujet: Re: L'oubli de glace | |
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| | | | L'oubli de glace | |
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