Oublier

C’est chasser de soi-même ces démons qu’on aime
Ecrire à l’encre blanche les tons de l’espoir
Faire de la souffrance du passé l’emblème
Et pousser son présent vers ce qu’on veut avoir.

Dessiner une branche où sauver du grand saut
Un rêve de bonheur que l’on a cru brisé
Peindre sous la tempête un ambitieux bateau
Et jeter à la mer les amours acérées.

Coudre son cœur meurtri du fil de l’horizon
Déchirer des phrases toutes pleines de pleurs
Abandonner les chœurs, les psaumes, les chansons
Qui versaient dans nos jours de sordides clameurs

Effacer les traces laissées sur le piano
Par les passions malades et leurs doigts trop aimables
Infliger à ses cris un long decrescendo
S’interdire à jamais d’espérer en des fables

Se forcer à briser ces chaînes qu’on chérit
Tracer dans la noirceur un trait de lumière
Arracher de son sein, sans un mot, sans un cri
Le regret viscéral des illusions d’hier

C'est vraiment magnifique....