Revontuli Muet
Nombre de messages : 35 Age : 35 Art(s) pratiqué(s) : Ecriture poétique principalement, musique, photographie et retouche photo, dessin. Date d'inscription : 27/08/2007
| Sujet: La tombe Lun 27 Aoû - 3:14 | |
| Elle venait de se réveiller d’un long rêve. Long mais trop court, comme beaucoup. Encore sonnée, elle n’avait pas retrouvé la notion du temps ni celle de l’espace et n’avait pas la moindre idée l’endroit où elle se trouvait. Il faisait noir. Peut être s’était-elle éveillée en pleine nuit, tout simplement dans sa chambre ? Elle avait soif. Elle poussa sur ses bras pour se lever afin d’aller, à l’aveuglette, chercher de quoi l’étancher, mais sa tête heurta sourdement une paroi. Le choc fut si violent que ses coudes lâchèrent et qu’elle s’écroula sur le dos. Après les quelques secondes nécessaires pour reprendre ses esprits, elle trouva que cela était tout de même très étrange. Elle se rassura en se disant qu’elle dormait sûrement encore et que cette paroi n’existait pas. Le problème était réglé, elle sourit malgré la vive douleur au front qu’elle ressentait encore. Elle se mit en quête d’explorer son rêve… le tour fut vite fait. Elle se rendit rapidement compte qu’elle était enfermée dans une boîte, comme dans un cercueil. Mon Dieu, se disait-elle… Faites que je me réveille. Faites que je me réveille… Que je me réveille… Et elle se rendormit. Quand elle s’éveilla de nouveau, il faisait toujours noir. Elle resta immobile un instant, les bras le long du corps. Et si elle ne rêvait pas ? Elle étendit, hésitante, un bras au-dessus de son corps. Le bas plafond arrêta le mouvement. Il était toujours là. Elle palpa les parois de chaque côté de son corps, elles étaient toujours là. Elle leva les genoux, ils heurtèrent également les bords. L’angoisse la saisit. Où suis-je, qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui va m’arriver ? Elle hurla, se débattit, se tourna et se retourna, se cogna, frappa et frappa encore, appela au secours, pendant plusieurs minutes, désespérée, hystérique, hors de contrôle. Six pieds plus haut, sur la terre ferme, un homme ailé était assit sur un tas de terre glaise fraîchement remuée, immobile, la tête entre les mains, genoux contre la poitrine. Ses longues mèches noires semblaient couvrir ses larmes. Une pelle sale gisait à ses côtés.
Elle était désormais sans forces. Personne ne l’entendrait. Personne ne viendrait la délivrer. On l’avait enfermé là pour l’oublier. Elle pleurait, allongée, faible. De violents sanglots secouaient sa poitrine. Au fond d’elle, elle savait qui avait fait ça. Son cœur n’en fut que plus brisé. Les larmes redoublèrent. Elle finirait par s'y noyer, se disait-elle, et cela lui était bien egal, puisqu'elle mourrait de toute façon. Elle ignorait combien de temps s'était écoulé, mais la respiration déjà se faisait difficile. L'air venait à manquer. Elle savait qu'elle mourrait, et qu'elle mourrait lentement et dans la douleur. Elle mourrait seule, emputée de ses rêves, privée d'oxygène, et le coeur en charpies. Elle cria le nom de qui l'avait enterrée comme un vieux souvenir, frappant de toutes ses forces et de ses deux poings l'entrave qui la forçait à demeurer allongée comme une morte. Elle voulait qu'il la sorte de là. Il voulait qu'il la déterre. Elle voulait comprendre pourquoi il avait ça. Elle ne voulait pas mourir... Il s'en allait voler de temps en temps, le poid du sacrifice était trop lourd. Mais ses ailes toujours le reconduisaient vers la tombe et la pelle qu'il y avait laissé. Il voulait au fond de lui s'en saisir et exhumer celle qu'il devinait suffocant péniblement pour survivre. Il était dégoûté de ce geste qu'il avait cru necessaire d'accomplir, aussi abject soit-il. Il s'est transformé en criminel pour survivre. Qu'y a-t-il de criminel à vouloir sauver ses ailes ? L'Amour est une guerre. Parfois les choix sont durs à faire. Il voulait l'exhumer autant qu'il ne voulait pas. Il ne savait pas. Il ne savait jamais. Tout ce qu'il voulait c'était vivre. Vivrait-il en la laissant là-dessous ? Vivrait-il en l'en extirpant ? Elle voulait sortir. Elle voulait sortir Elle ne parvenait pas à mourir, elle avait bien trop envie de sortir. Lui s'obstinait à ne pas savoir quoi faire. | |
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